LES EMPREINTES de TETRAPODES

                           sur la colline SAINT SEBASTIEN à SAINT RAPHAEL (Var)


                 Des témoignages d’exceptions, des traces fossiles extraordinaires et pourtant menacées de destructions

              Il y a environ 270 à 265 millions d’années alors que se poursuivent les violents cycles volcaniques qui vont construire le Massif de l’Estérel, des traces vont s'imprimer dans un environnement relativement aquatique.

             Les études vont confirmer qu'une vie animale s'est bien installée, malgré un volcanisme violent, profitant d'un climat tropical chaud qui a entrainé une température élevée des zones aquatiques. Un milieu parfait qui a favorisé la création de sources de nourritures : Végétaux, algues et animaux invertébrés. Rien de tel pour attirer des Thérapsidés, ces premiers vertébrés dotés de quatre pattes, qui ne craignent pas d'évoluer dans cet environnement en pleine construction.

       Cette richesse d’aliments variés, va en conséquence attirer toute une colonie, de végétariens ou de carnivores, de plusieurs tailles, certains pouvant ressembler à de grosses salamandres. Chance pour nous, Ils vont laisser des empreintes de pas, de sillons creusés par leurs queues, sur ce qui sera la future colline de Saint Sébastien à Saint Raphaël.  (1) (2) (3). Les chercheurs démontreront qu'il s'agissait "d'un lieu de passage et non pas de pataugeage". Ces reptiles évoluent ici, dans des bassins fonctionnant comme des plaines d’inondations, des zones faites de cendres, de lapillis acides issus des violents épisodes volcaniques que les géologues définissent comme étant "volcano-sedimentaire". 

            Leurs "ancêtres" les Tétrapodes "aquatiques", sont apparus il y a environ 390 millions d’années. Ces derniers « descendent » de poissons, (450 millions d’années) en étant déjà passés par bien des évolutions intermédiaires. 

                        Il y a environ 360 millions d'années, ils vont vouloir "sortir de la Mer !". Pour passer du milieu aquatique à une aventure terrestre, il va falloir s’adapter (4). C’est un très long processus qui va permettre durant cette mutation, de les voir se doter de pattes, de poumons, de côtes, d’un cou articulé, développer leur museau et acquérir audition et vue. (*Orbites oculaires, paupières, liquide lacrymal *).        

   Grâce à ces traces devenues fossiles, lors d'une étude récente (1995), une équipe de scientifiques dirigée par Georges GAND (5) a réalisé une superbe enquête.

A partir de ces témoins uniques et irremplaçables, en observant, mesurant les traces, ils ont pu comparer et identifier différentes espèces, confirmant que le site de Saint Sébastien était unique par sa richesse.

           Les empreintes sont si nombreuses qu’ils en ont dénombrées plus de 600.  Mieux et passionnant, cette équipe, accompagné par l'inventeur du site , François BALLESTRA, a réussi à déterminer un schéma de pistes qui partent dans 3 directions.   Ainsi, on observe, minuscules, des traces de griffes, plus loin, plus gros, on visualise un reptile qui avance lourdement, ses pattes marquant profondément le sol avec sa queue qui traine en ondulant. Par comparaison avec d’autres sites dans le monde, ont pu être identifiées une Anthichnium salamandroides mais aussi un Varanopus rigidus (fig. 6) 

Difficile aujourd’hui d’imaginer ces espèces, certaines ressemblant à des varans (de Komodo ?) pesant jusqu’à 45kgs, « évoluant" sur les sols, les boues, des zones semi aquatiques d’un futur Massif de l’Estérel.   


(1)   Découverte de la dalle en 1988 par François BALLESTRA

(2)   Ensuite diverses actions du GRDLP (Groupe de Recherche du Dépôt Laboratoire de Saint Raphaël) pour la création d’une zone à protéger. 

(3)    VAR MATIN  29/03/2021 Stephen GINER, Géomorphologue et paléo-environnementaliste et François BALLESTRA 

 

Bibliographies en particulier

 

  (4) L’émergence des Tétrapodes Museum National d’Histoire Naturelle 

Les tétrapodes représentent près de la moitié des espèces de vertébrés (les animaux avec un squelette interne) et sont une composante majeure des écosystèmes actuels. Nos connaissances sur leur émergence au Dévonien, il y a plus de 358 millions d’années, ont considérablement progressé au cours des 30 dernières années et nous renseignent sur l’origine de bon nombre de nos caractéristiques anatomiques, telles que nos bras et nos mains. L’émergence de la morphologie des Tétrapodes terrestres ne représente donc pas un brusque saut évolutif mais s’est échelonnée sur plusieurs dizaines de millions d’années.

 

(5) Documents et Croquis de références 

La palichnofaune de vertébrés tétrapodes du Permien Supérieur de l’Estérel

(Provence, France Janvier 1995)

 

 Georges GAND * Centre National France Recherche Scientifiques

    Professeur agrégé hors classe honoraire * Cherchedur associé au laboratoire Biogéosciences- CNRS 

Ses CONCLUSIONS :Cette nouvelle palichnofaune montre aussi pour la première fois en Provence, la présence de Thérapsidés carnivores et herbivores évoluant dans un environnement volcano-sedimentaire……. Cette faune n’est pas sans évoquer celle des couches de la Lieude, bassin de Lodève. Mais ICI, en Provence, elle est enrichie en Temnospondyles, en Eosuchiens, Protosauriens et en Captorhimorphes.  

 WIKEPEDIA  Les tétrapodes (Tetrapoda) forment une super-classe fanimaux vertébrés dont dont le suelette comporte habituellement deux paires de membres et dont la respiration est normalment pulmonaire. 

          Les tétrapodes ont évolué à partir du clade de tétrapodormophes qui, à leur tour, descendent des poissons à  nageoires lobées apparus vers environ 450 millions d'années.

                 Les ancêtres aquatiques spécifiques des tétrapodes et le processus par lequel ils ont qcolonisé la terre ferme après avoir quitté l'eau restent flous. Le passage d'un schéma corporel pour respirer et naviguer dans l'eau à un schéma corporel permettant à l'animal de se déplacer sur terre est l'un des changements évolutifs les plus profonds connus.


                                      Figures 6 :  quelques relevés d'une très  grande clarté de l'équipe GAND (1995)

PLAIDORIE POUR UNE SAUVEGARDE : 

Alors que des moulages de ces empreintes sont exposés au Musée de l’Homme à Paris,  

C’est un cri d’alarme concernant le quasi abandon du site, soumis à toutes sortes de dégradations y compris les passages, le piétinement humain, promenoir de canidés etc...  S’ajoutent l’éclatement de certaines surfaces, le ravinement. Déjà des traces de griffes sont quasi illisibles. Il est urgent de faire le maximum pour 

 a)   Protéger les traces principales par de grande plaques de plexiglas (comme cela se pratique ailleurs – voir empreintes du côté de Digne (04)

 

b)   Amélioration en périphérie de la dalle, en appui sur l’existant, par la mise en place d’un petit grillage en hauteur pour limiter l’accès aux canidés.

 

c)   Réalisation de panneaux explicatifs avec relevés des empreintes, cheminements

 

d)  Ajout d’une signalétique directionnelle pour les accès depuis le centre-ville

 

e)  Mise en valeur au niveau des offices de tourismes, ville, service culturel

 

f)   Présentation du moulage réalisé sur le site par le GRDLP dans les jardins du Musée Archéologique